Environnement, Terroir  et  Patrimoine  du  Haut  Tonnerrois

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Lettre d'information des membres et sympathisants déclarés     N° 6 – Août 2009

Nouveaux projets d'éoliennes industrielles dans le Tonnerrois

45 hectares déboisés pour une centrale solaire en forêt de Maulnes

Le Tonnerrois est riche d'une nature, d'un patrimoine et de paysages exceptionnels et reconnus : hauts plateaux totalement préservés, château de Maulnes, villages (églises, lavoirs…), vallée de l'Armançon, vieille ville de Tonnerre, oiseaux migrateurs… Ce sont les meilleurs atouts pour un développement rural harmonieux qui bénéficie à tous : agriculteurs, artisans, commerçants, résidents… L'Atlas des paysages réalisé par un architecte paysagiste et la préfecture de l'Yonne a classé les plateaux autour d'Ancy-le-Franc, Tanlay et Maulnes en zone de très forte sensibilité paysagère.

Le méga-projet éolien lancé par les maires de Mélisey, Villon, Rugny… a été refusé par la préfecture et les administrations compétentes en février 2008. Mais les mêmes acteurs s'obstinent et relancent un nouveau projet éolien sur le Tonnerrois, cette fois sous l'égide de la Communauté de Communes. Pourquoi ?

Nouveaux projets éolien dans le Tonnerrois

Il s'agit d'éoliennes industrielles géantes de 150 mètres de haut, pesant plusieurs centaines de tonnes dont les pales ont 80 mètres d'envergure. Les (rares) informations communiquées parlent à nouveau de 30 à 40 éoliennes qu'on prétend "insérer dans le paysage" !

Une carte "provisoire" circule. Plusieurs éoliennes se trouveraient au voisinage des habitations, avec les nuisances associées. Plusieurs villages se retrouveraient encerclés ou barrés. Gland, Ancy-le-Libre, Mélisey, Yrrouere, Serrigny, Collan, Tissey ainsi que les hauts de Tonnerre, sont visés.

Les éoliennes, installées sur les crêtes, occuperaient tout l'horizon avec une visibilité directe à plusieurs dizaines de kilomètres alentour, et le risque de co-visibilités avec les monuments les plus emblématiques de notre territoire.

Les déboires des projets déjà construits

Chaque jour, la télévision et les journaux relatent les déconvenues et les promesses non tenues des éoliennes industrielles construites ces dernières années : projets en faillite, accidents, nuisances et surtout une dégradation terrible du cadre de vie. Leur production d'énergie se révèle marginale, sans rapport avec les impacts subis.

Y a-t-il du vent suffisant pour faire fonctionner efficacement ces éoliennes ?

Le vent dans notre région est particulièrement faible et irrégulier. Les mesures réalisées par le promoteur sur le précédent projet donnent une moyenne à 6,2 mètres/seconde, soit 21 km/h. C'est le seuil minimum des plages de fonctionnement des éoliennes. On est très loin de la force de vent nécessaire pour un projet éolien efficace.

Les mêmes méthodes, un grave manque de transparence

De nouvelles études ont été lancées, financées par le Pays du Tonnerrois, ce qui constitue un financement public de plus pour un projet qui alimente avant tout les bureaux d'études, les fabricants et les exploitants d'éoliennes. On nous rapporte déjà, alors que les "études" sont à peine commencées, que des emplacements sont identifiés, que les baux sont en cours de signature, et que les modèles d'éoliennes sont choisis (Enercon).

Tout cela est encore fait dans la confidentialité et sans aucune concertation. On notera que l'on retrouve les mêmes acteurs qui avaient été impliqués dans le projet recalé du Haut Tonnerrois, qui n'avait pas fait preuve de la plus grande transparence ni de la meilleure gouvernance.

Au motif de "sauver la planète" et de rentrées financières illusoires (dont la fameuse taxe professionnelle qui va disparaître), on affirme n'importe quoi et on s'autorise à détruire les vraies ressources du Tonnerrois.

45 hectares déboisés en forêt de Maulnes pour une centrale solaire 

On apprend qu'un projet de centrale solaire photovoltaïque au cœur de la forêt de Maulnes est mené par la Commune de Villon avec l'appui de la Communauté de Communes, impliquant le déboisement de 45 hectares. Les détails (site, surface, puissance, date de mise en service) ont été annoncés dans la presse le 1^er juillet.

Une fois de plus, tout le monde est mis devant le fait accompli. Le bail des terres concernées est signé, sans qu'il n'y ait eu aucune concertation préalable. Les instigateurs sont les mêmes que les projets éoliens précédents, avec les mêmes méthodes : confidentialité entretenue, pas de réflexion sur les alternatives, jusqu'à des justifications assez drôles telles que "le projet permettra de créer un conservatoire des arbres fruitiers anciens"… (!)

Abattre des arbres pour mettre des panneaux solaires en pleine forêt relève de l'ineptie. Quelques réflexions de bon sens montrent à quel point ce projet n'est pas sérieux :

-   Ce déboisement impliquerait un reboisement de compensation : aucun engagement précis n'a été annoncé et on voit mal où on reboiserait 45 hectares dans le Tonnerrois. Les Safer sont clairement opposées à ce type d'opération et ont déclaré qu'elles exerceraient toute leur vigilance.

-   Le raccordement au réseau se ferait à Tonnerre, à 18 km (même poste que pour les éoliennes qui étaient envisagées). Le soleil étant le même partout, le bon sens inciterait à implanter ce projet le plus près possible du poste-source pour éviter les surcoûts et les déperditions des lignes de raccordement. Or Villon est le point du Tonnerrois le plus éloigné d'un poste-source.

-   Les parcs photovoltaïques sont particulièrement sujets aux vols et aux dégradations. Isolé en pleine forêt avec une telle surface (comment surveiller efficacement 45 ha ?), celui de Villon deviendra vite un supermarché pour des voleurs qui viendront chaparder à leur guise panneaux ainsi que matériels de connexion et de régulation électrique (ces matériels ont de la valeur et des trafics existent). On se retrouvera avec un système régulièrement endommagé, incapable de produire l'électricité.

Bref, sous l'alibi du développement durable, on fait encore n'importe quoi, en racontant n'importe quoi...

Quelles sont les réelles orientations de la Communauté de Communes du Tonnerrois ?

Le Tonnerrois a tous les atouts pour être une zone d'excellence énergétique et environnementale. Il s'agit par exemple de lancer un large programme d'autosuffisance énergétique des exploitations agricoles en combinant : solaire sur les bâtiments agricoles, récupération de chaleur, gazéification des purins et lisiers, géothermie, bois, biofuel pour les engins agricoles en production mutualisée... et surtout économies d'énergie et isolation

A l'échelle du Tonnerrois, une unité de biomasse / cogénération (électricité + thermie vapeur) de l'ordre de 5 à 12 M.Watts est le projet idéal. Il y a tout sur place : le bois et la paille nécessaires.

Mais la CCT a volontairement limité sa compétence à l'éolien et refuse de s'intéresser à la biomasse, qui est sans impact paysager et beaucoup plus efficace énergétiquement dans notre région. On vient par exemple de manquer l'appel d'offres national lancé par la Commission de Régulation de l'Energie (CER), et pour lequel le Tonnerrois aurait eu toutes ses chances parmi les 106 projets retenus.

Les promesses de concertation faites en mars par un des vice-présidents de la CCT n'ont été qu'un écran de fumée, les projets étaient déjà engagés depuis longtemps ! (des élus nous ont affirmé avoir reçu des consignes de silence).

Nous demandons aux représentants de la Communauté de Communes de clarifier les raisons qui les poussent à ne considérer que l'éolien, inefficace et destructeur, tout en soutenant le projet solaire de Villon qui porte une atteinte grave à la forêt de Maulnes, et à ignorer la biomasse qui est efficace économiquement et énergétiquement, porteuse d'emplois locaux et pour laquelle le Tonnerrois dispose de tous les atouts.