Mélusine est une fée qui appartient à la tradition populaire du Moyen Âge. On retrouve la légende de Mélusine aux travers différents recits en divers lieux. Voici une des versions de la légende de la fée mystérieuse, résidante du château de Maulnes.
La Légende de Mélusine
Au 11e siècle, chassée de Bretagne, la fée Mélusine se retrouva l'épouse d'un gentil et noble seigneur, habitant l'antique castel de Maulne, au coeur de la forêt du même nom, à une dizaine de kilomètres de Rugny.
Cette forêt avait alors fort mauvaise réputation. On la disait maléfique, que c'était un repère de fées et de sorcières, peuplé d'esprits malfaisants et de brigands. Rien que son nom, issu du latin malus nidus (mauvais nid), faisait frissonner de peur dans les chaumières.
On disait la châtelaine très belle et son seigneur très amoureux d'elle. Mais Mélusine, sous ses abords avenants, était un dragon femelle d'une essence diabolique. C'est elle qui commandait au château, menait les domestiques, dirigeait les gens d'armes. Son mari souffrait de sa froideur et de son peu d'empressement à remplir son devoir conjugal. Il avait remarqué aussi, que chaque dimanche, la belle disparaissait avant la messe, se rendait invisible à tous, sans donner d'explication à quiconque, même à lui. Chaque fois qu'il essayait de lui demander raison de sa curieuse absence dominicale, elle se mettait à pleurer, désarmant ainsi sa légitime curiosité.
Robert, un jeune prieur bénédictin
Un jour, Robert, un jeune prieur bénédictin de passage, entendit à la veillée, les plaintes des villageois, écouta leurs récits où il n'était question que d'exactions, de bêtes égorgées, de loups-garous et d'autres diableries.
Il décida de rester sur place, et de fonder un ermitage dans les bois de Molesme, pour éloigner le démon et rassurer les habitants d'alentour. D'autres ermites le prièrent de se joindre à eux pour fonder une abbaye (1075).
Il accepta et le monastère fut élevé et prospéra grâce aux libéralités de quelques seigneurs des environs.
Seule la dame de Maulne n'apprécia pas ce saint voisinage. Malgré les remontrances de son époux, elle harcela ses sujets et refusa toute aide aux moines. On dit qu'elle se livra, dans la tour magne du château, à des manigances secrètes. L'on murmura bientôt que la fière Mélusine y concoctait philtres et sortilèges. Mais on dit tant de choses.
Les religieux enrichis perdirent leur ferveur
Peu à peu, malgré la pieuse présence de Robert et de ses moines, l'esprit maléfique de la forêt reprit le dessus. Enrichis, les religieux perdirent leur ferveur, délaissèrent leur règle très stricte et succombèrent aux multiples tentations que leur envoyait Mélusine. Les nuits de pleine lune on les vit forniquer avec de belles sorcières. Parfois ils s'enivrèrent du vin qui coulait subitement à la fontaine sacrée du monastère à la place de son eau pure. Ou bien ils se mêlaient sans pudeur au sabbat d'enfer que de jolies succubes menaient dans les clairières les plus retirées de la forêt.
De nouveaux démons nacquirent de ces étreintes, des lamies, des lémures et des esprits malfaisants se multiplièrent et repeuplèrent la forêt que Robert avait sanctifiée et purgée.
Pour conjurer le sort
Pour conjurer le mauvais sort et ces pratiques sataniques, Robert souhaita bâtir une église consacrée à la vierge, mais les matériaux manquaient. Les bois voisins appartenaient au cruel seigneur Rainard Hughes, évêque de Langres et comte d'Auxerre, qui menait une vie dissolue et avait fort mauvaise réputation.
Sollicité de parrainer cette oeuvre pie, Rainard refusa de donner à Robert le bois nécessaire à la construction de son édifice. Mais le moine décida de le convaincre de l'aider.
Un jour que le comte devait chasser en forêt, il se rendit à un vaste chantier d'abattage, au lieu-dit de Panfol, où des bûcherons s'activaient. Robert leur demanda l'hospitalité et, en échange, les pria de lui prêter une cognée afin de les seconder dans leur rude travail. La meute du seigneur surgit, poursuivant un magnifique douze cors, suivie du comte-évêque et de son équipage, qui passa fièrement devant les bûcherons émerveillés.
Le comte reconnut parmi eux le saint moine. Furieux de le trouver sur ses terres, il stoppa le cortège et vint l'accuser de dévaster ses bois et de venir troubler la chasse. Devant l'assemblée des chasseurs et des bûcherons, Robert ne perdit pas son calme. Il reprocha au comte-évêque, abasourdi de tant d'outrecuidance, sa dureté envers ses sujets, ses innombrables crimes et ses dérèglements. Le saint moine osa même le menacer de la vengeance du ciel s'il ne se confessait pas de tous ses péchés. Furieux de cette diatribe, l'évêque Rainard fit rappeler sa meute et ses piqueurs, bien décidé à épargner le cerf et d'offrir cet insolent à leur curée.
L'animal vint s'agenouiller aux pieds de Robert
Mais lorsque le noble animal forcé, surgit pour la seconde fois dans la clairière, poursuivi par les chiens, il arrêta sa course et vint s'agenouiller aux pieds de Robert. La meute canine l'imita dans le plus profond silence.
Stupéfait par cette scène miraculeuse, Rainard descendit de cheval, se prosterna à son tour devant le saint, et lui demanda humblement comment il pouvait racheter ses fautes.
Robert bénit l'évêque et lui dit:
- Messire! Dieu ne veut pas la mort du pécheur. Il vous prie simplement de nous aider de vos deniers à bâtir une église consacrée à Marie, mère de Jésus. Et, pour votre pénitence, vous viendrez chaque année faire retraite durant trois jours dans notre monastère.
L'évêque promit de fournir aux moines toutes les pierres et les arbres nécessaires à la construction de l'Eglise. Il leur offrit aussi de leur donner tout le terrain situé devant leur supérieur, aussi loin qu'il pourrait lui-même lancer sa cognée... Le saint moine soutenu par le Seigneur Dieu, la projeta à plus d'une lieue de là, jusqu'aux confins des terres de la châtelaine de Maulne.
Mélusine décida de faire un exemple
Enragée par la construction de l'église qu'elle réprouvait, furieuse de l'accroissement du domaine monacal, où ses serfs et ses vassaux allaient se réfugier avec leurs troupeaux et leurs biens, lorsque la châtelaine leur réclamait des fermages abusifs, Mélusine décida de faire un exemple dans la contrée.
Elle réunit ses hommes d'armes, et chevauchant à leur tête, elle exécuta une opération punitive contre ses sujets. Elle razzia quelques hameaux, brûla des fermes et battit à mort ceux des manants qui tentaient de résister. Comme le village d'Arthonnay se révolta contre ses exactions, elle en fit le siège, y mit le feu, et passa tous les habitants récalcitrants au fil de l'épée.
Rentrée au château, ses courtisans terrifiés la félicitèrent de sa vaillance et de son courage, hormis Suzanne, une de ses jeunes demoiselles de compagnie, qui lui reprocha sa férocité.
( Gravure Château de Maulnes)
Mélusine se mit en colère
Robert, un jeune prieur bénédictin
Un jour, Robert, un jeune prieur bénédictin de passage, entendit à la veillée, les plaintes des villageois, écouta leurs récits où il n'était question que d'exactions, de bêtes égorgées, de loups-garous et d'autres diableries.
Il décida de rester sur place, et de fonder un ermitage dans les bois de Molesme, pour éloigner le démon et rassurer les habitants d'alentour. D'autres ermites le prièrent de se joindre à eux pour fonder une abbaye (1075).
Il accepta et le monastère fut élevé et prospéra grâce aux libéralités de quelques seigneurs des environs.
Seule la dame de Maulne n'apprécia pas ce saint voisinage. Malgré les remontrances de son époux, elle harcela ses sujets et refusa toute aide aux moines. On dit qu'elle se livra, dans la tour magne du château, à des manigances secrètes. L'on murmura bientôt que la fière Mélusine y concoctait philtres et sortilèges. Mais on dit tant de choses.
Les religieux enrichis perdirent leur ferveur
Peu à peu, malgré la pieuse présence de Robert et de ses moines, l'esprit maléfique de la forêt reprit le dessus. Enrichis, les religieux perdirent leur ferveur, délaissèrent leur règle très stricte et succombèrent aux multiples tentations que leur envoyait Mélusine. Les nuits de pleine lune on les vit forniquer avec de belles sorcières. Parfois ils s'enivrèrent du vin qui coulait subitement à la fontaine sacrée du monastère à la place de son eau pure. Ou bien ils se mêlaient sans pudeur au sabbat d'enfer que de jolies succubes menaient dans les clairières les plus retirées de la forêt.
De nouveaux démons nacquirent de ces étreintes, des lamies, des lémures et des esprits malfaisants se multiplièrent et repeuplèrent la forêt que Robert avait sanctifiée et purgée.
Pour conjurer le sort
Pour conjurer le mauvais sort et ces pratiques sataniques, Robert souhaita bâtir une église consacrée à la vierge, mais les matériaux manquaient. Les bois voisins appartenaient au cruel seigneur Rainard Hughes, évêque de Langres et comte d'Auxerre, qui menait une vie dissolue et avait fort mauvaise réputation.
Sollicité de parrainer cette oeuvre pie, Rainard refusa de donner à Robert le bois nécessaire à la construction de son édifice. Mais le moine décida de le convaincre de l'aider.
Un jour que le comte devait chasser en forêt, il se rendit à un vaste chantier d'abattage, au lieu-dit de Panfol, où des bûcherons s'activaient. Robert leur demanda l'hospitalité et, en échange, les pria de lui prêter une cognée afin de les seconder dans leur rude travail. La meute du seigneur surgit, poursuivant un magnifique douze cors, suivie du comte-évêque et de son équipage, qui passa fièrement devant les bûcherons émerveillés.
Le comte reconnut parmi eux le saint moine. Furieux de le trouver sur ses terres, il stoppa le cortège et vint l'accuser de dévaster ses bois et de venir troubler la chasse. Devant l'assemblée des chasseurs et des bûcherons, Robert ne perdit pas son calme. Il reprocha au comte-évêque, abasourdi de tant d'outrecuidance, sa dureté envers ses sujets, ses innombrables crimes et ses dérèglements. Le saint moine osa même le menacer de la vengeance du ciel s'il ne se confessait pas de tous ses péchés. Furieux de cette diatribe, l'évêque Rainard fit rappeler sa meute et ses piqueurs, bien décidé à épargner le cerf et d'offrir cet insolent à leur curée.
L'animal vint s'agenouiller aux pieds de Robert
Mais lorsque le noble animal forcé, surgit pour la seconde fois dans la clairière, poursuivi par les chiens, il arrêta sa course et vint s'agenouiller aux pieds de Robert. La meute canine l'imita dans le plus profond silence.
Stupéfait par cette scène miraculeuse, Rainard descendit de cheval, se prosterna à son tour devant le saint, et lui demanda humblement comment il pouvait racheter ses fautes.
Robert bénit l'évêque et lui dit:
- Messire! Dieu ne veut pas la mort du pécheur. Il vous prie simplement de nous aider de vos deniers à bâtir une église consacrée à Marie, mère de Jésus. Et, pour votre pénitence, vous viendrez chaque année faire retraite durant trois jours dans notre monastère.
L'évêque promit de fournir aux moines toutes les pierres et les arbres nécessaires à la construction de l'Eglise. Il leur offrit aussi de leur donner tout le terrain situé devant leur supérieur, aussi loin qu'il pourrait lui-même lancer sa cognée... Le saint moine soutenu par le Seigneur Dieu, la projeta à plus d'une lieue de là, jusqu'aux confins des terres de la châtelaine de Maulne.
Mélusine décida de faire un exemple
Enragée par la construction de l'église qu'elle réprouvait, furieuse de l'accroissement du domaine monacal, où ses serfs et ses vassaux allaient se réfugier avec leurs troupeaux et leurs biens, lorsque la châtelaine leur réclamait des fermages abusifs, Mélusine décida de faire un exemple dans la contrée.
Elle réunit ses hommes d'armes, et chevauchant à leur tête, elle exécuta une opération punitive contre ses sujets. Elle razzia quelques hameaux, brûla des fermes et battit à mort ceux des manants qui tentaient de résister. Comme le village d'Arthonnay se révolta contre ses exactions, elle en fit le siège, y mit le feu, et passa tous les habitants récalcitrants au fil de l'épée.
Rentrée au château, ses courtisans terrifiés la félicitèrent de sa vaillance et de son courage, hormis Suzanne, une de ses jeunes demoiselles de compagnie, qui lui reprocha sa férocité.
Robert, un jeune prieur bénédictin
Les religieux enrichis perdirent leur ferveur
Pour conjurer le sort
L'animal vint s'agenouiller aux pieds de Robert
- Messire! Dieu ne veut pas la mort du pécheur. Il vous prie simplement de nous aider de vos deniers à bâtir une église consacrée à Marie, mère de Jésus. Et, pour votre pénitence, vous viendrez chaque année faire retraite durant trois jours dans notre monastère.
Mélusine décida de faire un exemple
( Gravure Château de Maulnes)
Mélusine se mit en colère
Mélusine, toujours aussi belle
Elle se transforme chaque nuit en goule
Mélusine se fixa au château de Lusignan en Poitou
Là, contrairement à la légende bourguignonne, Mélusine se révéla bonne fée, bâtisseuse et nourricière, divinité agraire et féministe. On rapporte que là aussi, Mélusine fut surprise au bain par son mari, au cours de son annuelle métamorphose de femme en serpent. Raymondin, ayant enfreint le tabou, se vit ainsi privé de sa jolie compagne qu'il aimait à la folie. Mais prétendit qu'elle revenait chaque nuit allaiter ses enfants.
Les Très Riches Heures du Duc de Berry illustrent parfois un épisode de cette étonnante saga, marquée par l'épopée des Lusignan, héros des Croisades, ducs, princes et rois, qui conquirent Jérusalem, après avoir racheté l'Ile de Chypre aux Templiers. Peut-être un de nos amis internautes, amateur d'histoire et de légendes, nous contera-t-il la suite des merveilleuses aventures de la Fée Mélusine?
(La fée Mélusine)