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PrÉSentation

  • : Rugny village de l Yonne
  • : Découverte virtuelle de notre charmant petit village situé aux frontières de l'Yonne, l'Aube et la Côte d'Or. Rugny en images et en textes mais aussi ses environs proches. De l'Abbaye de Quincy au Château de Maulnes un grand bol d'air pure!
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5 novembre 2006 7 05 /11 /novembre /2006 14:12

 Mélusine est une fée qui appartient à la tradition populaire du Moyen Âge. On retrouve la légende de Mélusine aux travers différents recits en divers lieux. Voici une des versions de la légende de la fée mystérieuse, résidante du château de Maulnes. 

La Légende de Mélusine

Au 11e siècle, chassée de Bretagne, la fée Mélusine se retrouva l'épouse d'un gentil et noble seigneur, habitant l'antique castel de Maulne, au coeur de la forêt du même nom, à une dizaine de kilomètres de Rugny. 

       Cette forêt avait alors fort mauvaise réputation. On la disait maléfique, que c'était un repère de fées et de sorcières, peuplé d'esprits malfaisants et de brigands. Rien que son nom, issu du latin malus nidus (mauvais nid), faisait frissonner de peur dans les chaumières.

        On disait la châtelaine très belle et son seigneur très amoureux d'elle. Mais Mélusine, sous ses abords avenants, était un dragon femelle d'une essence diabolique. C'est elle qui commandait au château, menait les domestiques, dirigeait les gens d'armes. Son mari souffrait de sa froideur et de son peu d'empressement à remplir son devoir conjugal. Il avait remarqué aussi, que chaque dimanche, la belle disparaissait avant la messe, se rendait invisible à tous, sans donner d'explication à quiconque, même à lui. Chaque fois qu'il essayait de lui demander raison de sa curieuse absence dominicale, elle se mettait à pleurer, désarmant ainsi sa légitime curiosité.

Robert, un jeune prieur bénédictin

Un jour, Robert, un jeune prieur bénédictin de passage, entendit à la veillée, les plaintes des villageois, écouta leurs récits où il n'était question que d'exactions, de bêtes égorgées, de loups-garous et d'autres diableries.
Il décida de rester sur place, et de fonder un ermitage dans les bois de Molesme, pour éloigner le démon et rassurer les habitants d'alentour. D'autres ermites le prièrent de se joindre à eux pour fonder une abbaye (1075).
Il accepta et le monastère fut élevé et prospéra grâce aux libéralités de quelques seigneurs des environs.
Seule la dame de Maulne n'apprécia pas ce saint voisinage. Malgré les remontrances de son époux, elle harcela ses sujets et refusa toute aide aux moines. On dit qu'elle se livra, dans la tour magne du château, à des manigances secrètes. L'on murmura bientôt que la fière Mélusine y concoctait philtres et sortilèges. Mais on dit tant de choses.

  Les religieux enrichis perdirent leur ferveur

Peu à peu, malgré la pieuse présence de Robert et de ses moines, l'esprit maléfique de la forêt reprit le dessus. Enrichis, les religieux perdirent leur ferveur, délaissèrent leur règle très stricte et succombèrent aux multiples tentations que leur envoyait Mélusine. Les nuits de pleine lune on les vit forniquer avec de belles sorcières. Parfois ils s'enivrèrent du vin qui coulait subitement à la fontaine sacrée du monastère à la place de son eau pure. Ou bien ils se mêlaient sans pudeur au sabbat d'enfer que de jolies succubes menaient dans les clairières les plus retirées de la forêt.
De nouveaux démons nacquirent de ces étreintes, des lamies, des lémures et des esprits malfaisants se multiplièrent et repeuplèrent la forêt que Robert avait sanctifiée et purgée.

 Pour conjurer le sort

Pour conjurer le mauvais sort et ces pratiques sataniques, Robert souhaita bâtir une église consacrée à la vierge, mais les matériaux manquaient. Les bois voisins appartenaient au cruel seigneur Rainard Hughes, évêque de Langres et comte d'Auxerre, qui menait une vie dissolue et avait fort mauvaise réputation.
Sollicité de parrainer cette oeuvre pie, Rainard refusa de donner à Robert le bois nécessaire à la construction de son édifice. Mais le moine décida de le convaincre de l'aider.
Un jour que le comte devait chasser en forêt, il se rendit à un vaste chantier d'abattage, au lieu-dit de Panfol, où des bûcherons s'activaient. Robert leur demanda l'hospitalité et, en échange, les pria de lui prêter une cognée afin de les seconder dans leur rude travail. La meute du seigneur surgit, poursuivant un magnifique douze cors, suivie du comte-évêque et de son équipage, qui passa fièrement devant les bûcherons émerveillés.
Le comte reconnut parmi eux le saint moine. Furieux de le trouver sur ses terres, il stoppa le cortège et vint l'accuser de dévaster ses bois et de venir troubler la chasse. Devant l'assemblée des chasseurs et des bûcherons, Robert ne perdit pas son calme. Il reprocha au comte-évêque, abasourdi de tant d'outrecuidance, sa dureté envers ses sujets, ses innombrables crimes et ses dérèglements. Le saint moine osa même le menacer de la vengeance du ciel s'il ne se confessait pas de tous ses péchés. Furieux de cette diatribe, l'évêque Rainard fit rappeler sa meute et ses piqueurs, bien décidé à épargner le cerf et d'offrir cet insolent à leur curée.

   L'animal vint s'agenouiller aux pieds de Robert

Mais lorsque le noble animal forcé, surgit pour la seconde fois dans la clairière, poursuivi par les chiens, il arrêta sa course et vint s'agenouiller aux pieds de Robert. La meute canine l'imita dans le plus profond silence.
Stupéfait par cette scène miraculeuse, Rainard descendit de cheval, se prosterna à son tour devant le saint, et lui demanda humblement comment il pouvait racheter ses fautes.
Robert bénit l'évêque et lui dit:
- Messire! Dieu ne veut pas la mort du pécheur. Il vous prie simplement de nous aider de vos deniers à bâtir une église consacrée à Marie, mère de Jésus. Et, pour votre pénitence, vous viendrez chaque année faire retraite durant trois jours dans notre monastère.
L'évêque promit de fournir aux moines toutes les pierres et les arbres nécessaires à la construction de l'Eglise. Il leur offrit aussi de leur donner tout le terrain situé devant leur supérieur, aussi loin qu'il pourrait lui-même lancer sa cognée... Le saint moine soutenu par le Seigneur Dieu, la projeta à plus d'une lieue de là, jusqu'aux confins des terres de la châtelaine de Maulne.

   Mélusine décida de faire un exemple

Enragée par la construction de l'église qu'elle réprouvait, furieuse de l'accroissement du domaine monacal, où ses serfs et ses vassaux allaient se réfugier avec leurs troupeaux et leurs biens, lorsque la châtelaine leur réclamait des fermages abusifs, Mélusine décida de faire un exemple dans la contrée.
Elle réunit ses hommes d'armes, et chevauchant à leur tête, elle exécuta une opération punitive contre ses sujets. Elle razzia quelques hameaux, brûla des fermes et battit à mort ceux des manants qui tentaient de résister. Comme le village d'Arthonnay se révolta contre ses exactions, elle en fit le siège, y mit le feu, et passa tous les habitants récalcitrants au fil de l'épée.
Rentrée au château, ses courtisans terrifiés la félicitèrent de sa vaillance et de son courage, hormis Suzanne, une de ses jeunes demoiselles de compagnie, qui lui reprocha sa férocité.

( Gravure Château de Maulnes)

Mélusine se mit en colère

Outrée que ce fût sa favorite qui la morigénât ainsi, Mélusine se mit fort en colère, battit sa jolie suivante et la jeta dans le puits du château.
Elle regretta aussitôt ce mouvement d'humeur. Comme elle aimait beaucoup Suzanne, elle voulut la sauver et ordonna qu'on la tirât de là. Mais on ne lui remonta qu'un cadavre.
Inconsolable, elle s'enferma trois jours durant dans son appartement de la tour magne, sans accepter de nourriture, ni ouvrir la porte à quiconque.
Dimanche arriva sans que Mélusine ne réapparaisse ou donnât signe de vie. Fort inquiet, son époux décida d'aller rejoindre sa femme par une voie détournée. Il se fit hisser jusqu'au sommet de la tour et, pénétra secrètement par les greniers, dans le refuge de son épouse.

Mélusine, toujours aussi belle

Par une lucarne donnant sur sa chambre, il vit Mélusine, toujours aussi belle, malgré sa douleur, se mirant dans une glace, la poitrine nue jusqu'à la taille. Mais il s'aperçut avec horreur que son corps s'achevait en forme de serpent. Trahie, son terrible secret découvert, elle alla à son tour se jeter dans le puits.
Depuis, âme damnée et inconsolable, Mélusine erre autour de son ancien manoir, apparaissant parfois au voyageur attardé sous l'aspect qu'elle avait au moment de sa mort, gémissant et criant: "Maulne! Maulne! Tant que Maulne sera, malheureuse serai!"
 

Elle se transforme chaque nuit en goule

Haïssant les habitants du pays, elle se transforme chaque nuit en goule ou en stryge, s'attaque aux isolés, les roue de coups ou les frappe d'un sommeil irrésistible, qui les contraint à passer la nuit dans un fossé.
Elle enlève les enfants et les emporte dans un repaire où elle les livre aux lubricités des démons ou des sorcières. On dit aussi, que jusqu'à cent lieues à la ronde, elle poursuit de sa haine, les maris trop curieux, qui osent espionner leurs femmes!
A l'emplacement où Mélusine fit dresser sa tente lorsqu'elle assiégea Arthonnay, on voit encore un tumulus recouvert de terre d'où émerge un monceau de pierres. Ce sont les cailloux que les passants jettent depuis des siècles, pour conjurer le mauvais sort, après s'être signés et avoir formulé les paroles rituelles: "Tiens, voilà pour toi, Mélusine! Que périsse en toi le démon!"
N'ayant pu restaurer l'ordre parmi les moines, saint Robert s'établit à Cîteaux en 1098 avec deux de ses fidèles, Etienne Harding et Albéric. Il en codifia la règle, y bâtit une église, puis à la demande du pape Urbain II, il retourna à Molesme pour tenter d'y rétablir l'autorité ecclésiastique et la règle monacale mise à mal par la dépravation des moines et la corruption des supérieurs qu'ils s'étaient donnés.
 

Mélusine se fixa au château de Lusignan en Poitou

Le retour de saint Robert à Molesme fit fuir Mélusine, dit-on. La fée se fixa au château de Lusignan en Poitou, où, réincarnée en une belle châtelaine, elle fut durant des siècles le bon génie et la fée protectrice de la famille Lusignan.
 
Lorsque, à la fin du XIVe siècle, Jean de France, duc de Berry, noble prince capétien, grand seigneur mécène et lettré, bâtisseur et conquérant, eut acquis le château de Lusignan en Poitou, il désira connaître son histoire. Il s'intéressait toujours aux origines des manoirs, palais, châteaux et autres édifices de ses Etats. Il pria Jean d'Arras de lui conter le récit fabuleux de la famille des Lusignan, anciens seigneurs de ce château.

Là, contrairement à la légende bourguignonne, Mélusine se révéla bonne fée, bâtisseuse et nourricière, divinité agraire et féministe. On rapporte que là aussi, Mélusine fut surprise au bain par son mari, au cours de son annuelle métamorphose de femme en serpent. Raymondin, ayant enfreint le tabou, se vit ainsi privé de sa jolie compagne qu'il aimait à la folie. Mais prétendit qu'elle revenait chaque nuit allaiter ses enfants.

Les Très Riches Heures du Duc de Berry illustrent parfois un épisode de cette étonnante saga, marquée par l'épopée des Lusignan, héros des Croisades, ducs, princes et rois, qui conquirent Jérusalem, après avoir racheté l'Ile de Chypre aux Templiers. Peut-être un de nos amis internautes, amateur d'histoire et de légendes, nous contera-t-il la suite des merveilleuses aventures de la Fée Mélusine?

(La fée Mélusine)

 

 

 

 

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3 novembre 2006 5 03 /11 /novembre /2006 22:02

Le cliché de la semaine!

                                                            Rugny un matin d'automne

(photo GF)

 

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1 novembre 2006 3 01 /11 /novembre /2006 15:01

 

              "Rugny en 1527, le villageois et son seigneur."

 

Peu de documents subsistent pour décrir la vie  et les comportements au quotidien de nos ancêtres. Par chance voici un fait divers qui secoua un petit village nommé Rugny au début du XVI siècle. Notre Rugny bien sur! Cela  grâce à une lettre de rémission conservée dans les archives de la chancellerie royale.

Le principal acteur, bénéficiaire du pardon de François Ier, est Pierre Monthileby, écuyer, seigneur de Gland, homme d'armes de la compagnie de François de Montmorency lequel était pour lors seigneur de Thorey, Rugny, Villon, Mélisey et Chamelard au comté de Tonnerre, biens hérités de sa mère Anne Pot issue d'une illustre maison de Bourgogne. Pierre Monthileby avait pour beau père,  Jacques Piquet, lui aussi qualifié d'écuyer et qui avait la charge, à Rugny, de soigner les oiseaux (faucons et autres rapaces utilisés pour la chasse au vol) du seigneur Francois de Montmorency.

Un jour de novembre 1527, Monthileby vint à remplacer son beau père dans cette mission et, envoyant son page " en la maison du comte (=seigneuriale) du dit Rugny",celui-ci ne trouva que deux poules pour nourrir les oiseaux; force était donc de s'en procurer auprès des villageois; or, en vertu d'un accord sur les droits seigneuriaux, "tous les sujets du seigneurs qui lui seraient redevables en aucunes poules seraient quittes pour chacune d'icelles pour douze deniers tournois moyennant que, par réciproque, quand lui ou aucuns de ses serviteurs en auraient affaire pour repaître ses oiseaux de proie, seraient quittes en les prenant pour pareille somme de douze deniers".

Monthileby envoie donc son page muni de "deux grands blancs" (=un grand blanc valaient treize deniers appelé aussi treizains) chez un villageois appelé François Ménétrier avec lequel il entretenait jusqu'alors des rapports de bon voisinage: il arrivait à Ménétrier de prêter à Monthileby ses vans et ses fourches (l'écuyer cultivait donc sa terre comme tout laboureur du lieu); or, voici que Ménétrier refusa, ajoutant, par sarcasme, "qu'il aimerait mieux vendre un cheval qu'une poule".

Etonné de la nouvelle que lui rapporte son page, Monthileby se présente lui même chez Ménétrier, lequel s'est caché pour ne pas le recevoir; l'écuyer s'adresse donc à la bru du villageois, Jehannette, précisant que "ce n'était par pour son manger et qu'il était vendredi" mais pour les oiseaux de son maître qu'il réclamait ces poules, puis il se tourne vers le mari de Jehannette; devant leur refus à tous deux, il dit à son page de rechercher les poules (qui avaient été cachées!) et en emporte deux tout en présentant les deux grands blancs à Jehannette qui les jette à terre avec force injures à l'encontre de Monthileby "le donnant au diable et le maudissant de la male bosse qui peut couper la gorge".

Rentré chez lui, Monthileby se met en devoir d'écorcher et d'appareiller les poules quand surgissent Jehannette et François Ménétrier. Celui-ci brandit un "baton ou fouche fière". Il se répand en reproches contre l'écuyer "en le tutoyant et parlant par toi" alors Monthileby dégaine son épée, les deux protagonistes "s'accouplèrent ensemble et s'entreprirent par le collet". Monthileby sort alors courte dague et frappe son adversaire à la jambe pour se dégager, dit-il , d'autant qu'une soeur de Ménétrier, venue en renfort s'était jetée dans la mêlée... Ménétrier meurt des suites de sa blessure " par faute de bon appareil, gouvernement ou autre". Alors Monthileby "doutant de rigueur de justice" se serait "absenté du pays"...

Sans doute François de Montmorency s'entremit-il: dès le27 décembre de la même année, son homme d'armes obtient facilement la grâce du Roi moyennant quatre vendredis consécutifs de pénitence, prisonnier au pain et à l'eau... "

 

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